vendredi 23 juillet 2021

Alexis Loison revient sur les raisons de son abandon

 

Alexis Loison (Région Normandie) est arrivé dans le port de Concarneau vers 21h30. Il revient sur les raisons de son abandon : 

« Je n’étais pas très en forme depuis le début de la semaine, après avoir reçu ma 2e dose de vaccin. J’avais de la fièvre et ai mal dormi les deux nuits précédents le départ. Hier, je me sentais mieux, même si je savais que j’avais un déficit de sommeil, je me suis dit que ça allait aller mieux. Le problème est qu’avec tous les orages que nous avons eu, il a tout simplement été impossible d’aller se reposer depuis le départ. Je n’étais même plus dans le rouge, mais dans le violet ! J’étais vraiment en vrac, je n’arrivais plus à me déplacer… Je me suis fait peur dans une manœuvre et j’ai décidé d’abandonner. J’allais faire une bêtise : soit me faire mal, soit casser du matériel. Il était bien plus prudent de rentrer.

Concernant le début de course, ça a été un peu moins l’apocalypse que prévu sous les orages, mais nous avons dû faire énormément de manœuvres, très sollicitantes sur ce bateau. Quand le vent a molli, le bateau tournait dans tous les sens car il y avait beaucoup de mer. C’était difficile de tenir debout sur le bateau. »

Course de vitesse en vue !


La flotte de la Solo Guy Cotten a réussi à s’extirper de la dépression orageuse qui a sévi toute la journée le long des côtes du Finistère sud et entame la deuxième partie du parcours. Premier aux Birvideaux, Xavier Macaire (Groupe SNEF) ouvre la marche, devant Tom Laperche (Bretagne CMB Performance) et Gildas Mahé (Breizh Cola). Les figaristes évoluent désormais dans un flux de 20/25 nœuds de sud-ouest bien établi, qui devrait tenir jusqu’à l’arrivée. La suite de la course s’annonce donc tout aussi intense pour les skippers, à piloter le bateau à haute vitesse au reaching. En revanche, les prévisions météo divergent selon les fichiers quant à la force du vent prévu, faisant glisser les ETA à samedi après-midi entre 14h et 17h. Un horaire plus affiné sera communiqué demain matin après étude des nouveaux fichiers météo.

Deux abandons à déplorer :


Dès 13h, la trajectoire de Fabien Delahaye (Groupe Gilbert) sur la cartographie posait question, le voyant se diriger vers son port d’attache de Lorient. La nouvelle est tombée à 15h via le sémaphore de Groix, auquel Fabien avait demandé de prévenir l’organisation de course de son abandon. Arrivé à 18h devant la Base des sous-marins, le skipper détaille : « J’étais dans un orage et l’électronique s’est mis à me jouer des tours, notamment au niveau du pilote automatique. A un moment, le bateau a subitement viré et je suis tombé en arrière sur un winch au niveau du coccyx. J’ai eu beaucoup de mal à rester à la barre la nuit dernière car la mer était vraiment démontée. Au vu des conditions attendues cette nuit, avec 30 nœuds de vent, j’ai trouvé plus sage de me préserver pour la Solitaire du Figaro. »

Ce fut ensuite Alexis Loison qui signifiait son abandon à la Direction de Course, pour raisons médicales, sans donner davantage d’information pour l’instant. Le skipper de Région Normandie est attendu à 22h à Concarneau.

Ordre de passage au Birvideaux :

1/ Xavier Macaire (Team SNEF)
2 / Tom Laperche (Bretagne CMB Performance)
3 / Gildas Mahé (Breizh Cola)
4 / Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019)
5 / Alan Roberts (Seacat Services)
6 / Tom Dolan (Smurfit Kappa – Kingspan)
7 / Nils Palmieri (Teamwork)
8 / Gaston Morvan (Bretagne CMB Espoir)
9 / Benoit Mariette (Generation Senioriales)
10 / Elodie Bonafous (Breatagne CMB Oceane)
11 / Tanguy Le Turquais (Queguiner Innoveo)
12 / Thomas Alexis (La Charente Maritime)
13 / Erwan Le Draoulec ( Skipper Macif 2020)
14 / Pierre Leboucher (Guyot Environnement)
15 / Eric Peron (French Touch)
16 / Martin Le Pape (Gardons La Vue)
17 / Corentin Horeau (Mutuelle Bleue pour l’Institut Curie)
18 / Arthur Hubert (Monatoutenergie.fr)
19 / Violette Dorange (DEVENIR)
20 / Jules Delpech (ORCOM)
21 / Victor Le Pape (AD FICHOU)
22 / Estelle Greck (Respimer)
23 / Robin Marais (Ma chance moi aussi)
24 / Francesca Clapcich (State Street Marathon)
25 / Mael Garnier (AGEAS – Baie de t Brieuc)
26 / Philippe Hartz (Marine Nationale – Fondation de la mer)

Retour sur ....

Voilà 24 heures que les 33 skippers sont en mer, actuellement à la bagarre pour sortir au plus vite des systèmes orageux et attraper le nouveau vent. En attendant que la flotte atteigne les Birvideaux, voici quelques déclarations de skippers prises au moment du départ :

Alan Roberts (SEACAT Services)

« Je me sens bien. Je ressens un peu de pression car la course sera compliquée, avec peu de vent, des transitions, des orages avant du vent fort. Le plus gros morceau sera entre la Chaussée de Sein et les Birvideaux où il faudra être bon en tactique en gérant les orages et la météo. Après nous aurons deux gros bords de reaching, ce qui est super pour afficher de belles vitesses. Au niveau du sommeil, nous ne trouverons pas beaucoup de temps pour dormir, mais ça ira car le format est assez court. »

David Paul (JUST A DROP):

« Je suis David, j’ai 26 ans et je viens de Londres ! Ce qui est assez inhabituel pour faire de la course au large. Je viens du dériveur et du match-race et ai participé à de nombreuses épreuves anglo-saxonnes en équipage. C’est à ce moment là que j’ai découvert le haut-niveau des Français, notamment sur la Rolex Fastnet Race. J’ai appris que c’était grâce au Figaro, alors me voilà ! J’aime cette idée de courir sur des bateaux monotypes, afin d’apprendre et de progresser. Cette Solo Guy Cotten est ma première épreuve en Figaro et je dois absolument la terminer pour me qualifier à la Solitaire du Figaro. J’ai navigué l’équivalent de 3000 mn depuis le début de l’année pour gagner en expérience mais la partie la plus difficile et de connaitre les détails qui font la différence. »

Xavier Macaire (Team SNEF) :

« C’est cool de revenir sur le circuit après un petit passage en Multi 50. J’ai fait quelques entraînements avec le Team Vendée depuis la Sardinha Cup et ai repris cette semaine avec le convoyage du bateau et quelques navigations de remise en route à Concarneau. Le solitaire c’est comme le vélo, ça revient vite ! Cette course promet d’être très intéressante, on aura plein de transitions, de changements de voiles avec notamment le petit spi qui sera pertinent dans les bords de 25 à 30 nœuds et qu’on sort généralement très peu. C’est difficile d’anticiper les voiles exactes que l’on va utiliser, mais avec la dépression orageuse, les variations de vent, la pétole, la navigation au près et le reaching, on sait qu’il va y en avoir beaucoup. Je vais essayer d’appliquer ce que je sais bien faire au reaching pour réussir cette course et terminer dans le top 3. L’objectif est de naviguer en bon marin même quand les conditions seront musclées et d’avoir une bonne vitesse. Je n’ai pas envie de forcer pour gagner des places, l’idée est d’être aux avant-postes tout en réalisant une course propre. »





Philippe Hartz (MARINE NATIONALE FONDATION DE LA MER) :

« Je suis arrivée sur la Solo Maître CoQ avec seulement 5 jours de navigations sur mon Figaro. J’avais pas mal d’appréhension en tant que bizuth mais je ne me mettais pas de pression. Je me suis aperçu que j’arrivais à jouer avec les concurrents dans ce que je savais faire et j’essaye maintenant d’aller à la pointe de la flèche pour me rapprocher des leaders. J’en suis encore loin, il y a tellement de choses à connaître et je me laisse le temps d’acquérir de l’expérience. Le classement bizuth est là pour ça. Je me sens bien, je suis content d’être au départ de cette Solo Guy Cotten qui va demander une grosse capacité d’adaptation avec les conditions attendues que même les cadors vont avoir du mal à anticiper. Je suis parti pour plusieurs années avec mes partenaires sur le circuit Figaro Bénéteau, je suis venu progresser sur ce support monotype et apprendre les bases de la course au large. Les nuits en mer ne représentent pas de difficultés particulières pour moi, à l’instar de la fatigue. Je me sens dans ma zone de confort et c’est un point fort. J’ai beaucoup de recul par rapport à certains autres skippers qui font de la voile depuis longtemps, je prends du plaisir et j’arrive à dédramatiser beaucoup de situations en me disant que ce n’est jamais fini. »

L'analyse de Corentin Douguet

Skipper émérite du circuit Figaro Bénéteau, désormais concentré sur la construction de son nouveau Class40 en vue la prochaine Route du Rhum Destination Guadeloupe (mise à l’eau prévue en novembre 2021), Corentin Douguet nous livre son analyse pointue après un peu moins de 24h de course sur cette Solo Guy Cotten 2021 :

« C’est la journée de tous les dangers, à plusieurs titres. Ce seront des conditions très aléatoires pouvant tout chambouler, mais surtout, un orage en mer n’est jamais anodin. J’habite désormais dans le Finistère Sud et quand je regarde par la fenêtre je vois la Baie d’Audierne… je peux donc vous dire qu’ils sont entrés dans le vif du sujet il y a deux heures environ ! Cela se voit d’ailleurs sur la cartographie avec des trajectoires moins rectilignes.

Le ciel est très chargé et cela va créer un vent très aléatoire toute la journée avant l’arrivée d’un vent de sud-sud-ouest. Nous avons eu une situation similaire l’année dernière sur la Solo Guy Cotten et peu importe ta stratégie, tu es obligé de faire avec ce que tu rencontres, sans avoir accès à des données météo actualisées.

Corentin Douguet sur l'édition 2020 de la Solo Guy Cotten

Je leur souhaite juste d’avoir réussi à se reposer un peu ce matin, notamment après l’Occidentale de Sein où les conditions (du près bien établi) leur permettaient de grapiller quelques siestes car, à partir de maintenant, il faudra clairement être sur le pont jusqu’à l’arrivée.

Une fois la zone orageuse franchie, vraisemblablement en approche des Birvideaux, ils auront deux très longs bords au reaching dans un vent assez soutenu, propice à la vitesse, pour revenir sur Concarneau. La course ne sera donc pas terminée car il faudra bien affiner sa trajectoire. Selon les angles, les vitesses peuvent être très différentes et créer des écarts importants à l'arrivée. »

Une première nuit conforme !

La première nuit s'est bien passée pour les 33 skippers de la Solo Guy Cotten. Emmenée par Xavier Macaire (Team SNEF), Éric Peron (French Touch) et Pierre Quiroga (Skipper Macif), la flotte de la Solo Guy Cotten reste très groupée ce matin, se tenant en 4 milles nautiques. Seuls Jesse Fielding (State Street Marathon) parti très au sud, et Yael Poupon (Bihannic) au nord ont tenté des trajectoires différentes. 

Conformément aux fichiers météo, les Figaro Bénéteau 3 progressent actuellement dans un vent d'est de 15 à 20 nœuds au large de la baie d'Audierne. C’est à la mi journée que certains écarts se feront probablement avec la transition liée au déplacement de la dépression orageuse. Une situation pleine d'incertitude pour les skippers, comme le faisait remarquer Corentin Horeau (Mutuelle Bleue pour l'Institut Curie) avant le départ : " Nous devrions avoir des orages vendredi, dans la matinée, milieu de journée. Ça va être assez instable avec des rafales et du petit temps assez changeant. Ce n'est pas simple de se préparer car c'est totalement imprévisible. On ne sait pas quand ni comment cela va se caractériser mais il faut essayer de préserver le matériel en cas de grosses surventes et  l’électronique qui n’aime ni les éclairs, ni l’orage ni le tonnerre. "  Il faudra en effet faire les bons choix, et être prudent sans trop entacher la performance, comme le faisait remarquer Pierre Leboucher (Guyot Environnement) : " L’orage ? Ça fait peur, extrêmement peur. Il faudra être aux aguets, réduire la voilure, couper l’électronique si on sent que l’orage est trop près. Dans ces situations, on fait le choix de la prise de risque pour ne pas enfreindre la performance ou de la prudence pour ne pas abimer le matériel. Et si on coupe l’électronique, sans moyen de communication, on ne sait pas comment évolue l’orage..." En somme, les 33 skippers auront de quoi s'occuper ce vendredi 23 juillet ! 

Les premiers bateaux devraient passer les Birvideaux vers 18h00 ce soir. 

Pour suivre la progression des bateaux sur la cartographie, cliquez-ici